ARIANE ÉMOND • Journaliste
Invitée d'honneur à l'exposition MIRABAL de Paris • 16 octobre 2025
Conférence du vernissage du 16 octobre 2025 :
Mairie Xème arrondissement de PARIS
Exposition MIRABAL
L'absolue nécessité que les hommes se lèvent contre les violences faites aux femmes.
Point de vue d'une journaliste québécoise
Merci de votre présence ici. Ça me fait plaisir de vous adresser quelques mots dans le cadre de cette exposition extrêmement pertinente et fort belle. BRAVO !
Pour tout vous dire: Je rêve que nous la dupliquions au Québec.
J'ai déjà en tête une liste d'hommes québécois...
Comme vous, j'ai surtout très hâte d'entendre ceux qui prendront la parole dans qq minutes.
C'est eux, n'est-ce pas, que nous avons vraiment envie d'entendre?
Et pourquoi avons-ns surtout envie d'entendre ces hommes
qui ont décidé de se lever et d'ajouter leur voix courageuse aux millions de voix de femmes?
Primo: parce que ça fait du bien, leur prise de parole fait du bien dans le Violent Vacarme actuel.
DEUXIO: Parce que de manière générale, les hommes ont été dramatiquement silencieux et depuis trop longtemps, face aux gestes de violences posés ad nauseam sur les femmes et les filles.
Il persiste, hélas, une règle d'or masculine qui perdure largement aujourd'hui : Sois fort et tais-toi ! Fais ta petite affaire, avance dans la vie, laisse les femmes se dépêtrer avec leurs problèmes de violence et leurs chicanes conjugales.
Ce que les hommes de cette expo – et d'autres encore de manière plus ou moins discrète – commencent à faire, c'est refuser désormais cette ligne de conduite masculine.
Ils refusent ce laisser-faire qui maintient les hommes dans leurs privilèges, les rend complices d'une masculinité toxique, que tous les hommes sont loin de tous endosser.
Le plus douloureux, c'est que les gestes graves qui forment le quotidien de la violence faite aux femmes, sont aussi invisibilisés par des femmes elles-mêmes.
Pour de multiples raisons : la honte, la peur, la perte de confiance en la justice... parce qu'autour d'elles l'attitude générale se résume un peu par : c'est ton problème; tu as choisi ce gars toxique.
Résultat : des gestes non dénoncés par leurs proches, leurs familles, des gestes cachés, d'une cruauté souvent absolue.
Mais entre nous, ce sont des gestes CRIMINELS
la plupart du temps, non ???
Heureusement à travers le monde, le mouvement #meetoo a libéré la parole d'un nombre extraordinaire de femmes de tous âges, de toutes origines, de toutes classes sociales... qui ont raconté, et décidé de poursuivre plus largement en justice,
des agresseurs proches d'elles,
des hommes de leur famille,
des hommes de leur réseau,
des collègues de leur milieu de travail...
Pour plusieurs femmes, ce geste méritait un GRAND courage.
Et cela a redonné ses lettres de noblesse au féminisme contemporain, et de la fierté à tant de jeunes femmes et d'hommes qui ont voulu se solidariser avec le mouvement des femmes pour dire : Ça suffit!
En France, le mouvement MeToo semble avoir été une sorte d'électrochoc pour plusieurs hommes, de toutes générations. Cette exposition MIRABAL et leur prise de parole en est un vibrant exemple.
Au Québec aussi, quelques initiatives ont vu le jour comme cet hashtag Parle à tes boys, lancé par une demi-douzaine d'hommes qui souhaitaient faire naitre des milliers de conversations entre gars sur la question de la violence faite aux femmes.
Parce que, c'est un secret de polichinelle, les hommes entre eux n'ont jamais eu le réflexe de parler de ce fléau, de voir comment y faire face pour l'enrayer sérieusement...
Anglesh Major, un formidable acteur montréalais s'en désolait, il y a quelques jours, en entrevue: C'est fou...mais je crois qu'on s'excuse en se disant: « Comme on n'est pas violent, ce n'est pas notre combat. » Faut que ça cesse cette attitude de laisser-faire...
1- Pourquoi est-ce une absolue nécessité que les hommes s'élèvent contre les violences faites aux femmes?
Poser la question, n'est-ce pas y répondre ?
Des hommes sont les déclencheurs de cette violence,
comme l'ont expliqué dans leur vidéo certains des de ceux qui sont photographiés et filmés : Depuis des siècles, la violence faite aux femmes est une affaire d'hommes.
Certains d'entre eux sont aujourd'hui capables de le dire.
Ils ne sont pas encore légion, mais ils demandent que d'autres leur emboitent le pas. Et ça prend aussi un certain courage pour le faire...
L'autre raison de cette absolue nécessité que les hommes s'insurgent contre la violence faite aux femmes ?
Parce que, sans leur contribution, intelligente et déterminée,
on ne règlera rien pour nos filles, leurs filles, leurs sœurs, nos voisines, leurs amies, leurs amantes...
Au mieux, entre femmes, malgré tant de boulot remarquable depuis 50 ans, nous n'aurons réussi qu'à améliorer, un peu et parfois, le sort des femmes violentées et à modifier un peu le regard qu'on porte sur elles.
Oui, les femmes ont orchestré de grands mouvements planétaires de dénonciations. Oui, elles ont lancé des milliers de poursuites civiles et criminelles, mais ça reste encore la croix et la bannière au tribunal...
Bien qu'avec la création récente au Québec de tribunaux spécialisés pour les causes de violences conjugales, les choses s'améliorent un peu.
Mais là où ça piétine dangereusement, c'est pour celles qui alertent les corps policiers quand elles craignent pour leur vie... persuadées que leur conjoint va passer à l'acte.
Pourtant nous savons aujourd'hui que les féminicides sont les homicides les plus prédictibles, le fruit d'une mécanique mortelle hyper documentée depuis plusieurs années.
En matière de violence conjugale, la violence passée reste le meilleur prédicteur de la violence future. On parle de plus en plus de
« contrôle coercitif», du climat de peur intolérable que l'homme impose sous son toit..
En 2021, au Québec, sur les 15 meurtres conjugaux, la moitié étaient le fait de récidivistes que le système avait échappé...
Récemment l'arrivée de bracelet anti rapprochement semble apporter un peu d'espoir. S'il y a un verdict interdisant à monsieur d'approcher madame et qu'il enfreint la règle, l'alerte est déclenchée. Il y a quelques jours, notre ministre de la Sécurité publique nous disait que ça fonctionne à 95%. Les hommes respectent la consigne.
Malgré la création de réseaux solides de maisons d'hébergement où les femmes se terrent, souvent avec leurs enfants, (une centaine de maisons au Québec, qui sont toutes à pleine capacité et souffrent de sous-financement).
Malgré d'innombrables formations offertes aux policiers pour mieux prendre en charge les femmes qui se présentent à eux,
Malgré les initiatives venant de groupes d'hommes, notamment le Réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence. : À cœur d’homme – qui regroupe 32 organismes communautaires,
Malgré que le Québec, depuis 1995, reconnaisse dans une politique nationale que l'intervention destinée aux hommes est essentielle et complémentaire,
Malgré les subventions des pouvoirs publics (insuffisantes, je dirais, et même chiches en regard des besoins) ...
Malgré les campagnes médias grand public contre la violence faite aux femmes, qui ont marqué l'imaginaire collectif,
Malgré tout cela, les femmes continuent de mourir de plus en plus aux mains d'hommes qui disent les aimer. Et leurs enfants sont marqués à vie par cette violence qu'ils ont vue de près...
Ripostant pendant des décennies et de multiples manières, les femmes ne sont pas arrivées à éradiquer cette violence pugnace,
ces féminicides qui déferlent à longueur d'années chez vous comme chez nous.
Même si elles forment la moitié de l'humanité et que, par centaines de millions, elles se sont soulevées contre ces violences, ont parlé à leurs fils, se sont solidarisées pour trouver des appuis au gouvernement, ont marché pour réclamer justice et que cesse la colère des hommes...
Si l'autre moitié de l'humanité n'emboite pas le pas, la guerre contre les femmes va continuer...
Bien sûr, tout au long des 50 dernières années, il y a eu des hommes aux côtés des femmes. Mais trop peu pour inverser la tendance.
Voilà la réalité crue.
Régulièrement, on pose cette question dans les médias:
Y en a-t-il vraiment plus, de ces agressions et féminicides, ou est-ce parce que les femmes dénoncent davantage?
Je n'en peux plus... Chaque féminicide est un ÉCHEC COLLECTIF.
IL Y EN A TROP, point barre.
Laure Adler : 150 personnes meurent de féminicides chaque année en France...
Tous les 2 jours et demi, au Canada, une femme meurt de féminicide...Au Québec, on est autour de 20 féminicides par année...
En France, moins d'une victime sur trois porte plainte dans les causes de violences sexuelles; c'est la même chose chez nous.
On parle de centaines de milliers de victimes d'agressions sexuelles chaque année chez vous; idem chez nous (toutes proportions gardées).
La preuve est faite que nous n'avons pas réussi à inverser la tendance, même en travaillant comme des forcenées depuis des décennies... sans les hommes à nos côtés...
Et, avec la technologie qui, plus que jamais, traque les femmes, les identifie comme cible de haine, les menace au quotidien de viol, de mort, comme si ce n'était plus quelque chose d'odieux ni de criminel de ea faire... on pourrait croire que les choses ne vont pas dans la bonne direction.
J'ai beaucoup écrit et réfléchi sur les enjeux de relations femmes-hommes, et leurs impacts sociaux, graves, souvent délétères.
Plus récemment, j'ai présidé à Montréal une large consultation publique sur l'itinérance et la cohabitation sociale. Je ne m'égare pas. Suivez-moi...
Au Québec, l'itinérance est un enjeu national. Dans les villes et villages, un nombre croissant de sans-abris doivent se résoudre à vivre sous des tentes, été comme hiver. Les refuges débordent depuis 5 ans... À Montréal, on parle d'une crise humanitaire.
Savez-vous qu'elle est la principale raison de l'augmentation du nombre de femmes en situation d'itinérance? La violence conjugale.
71% des femmes mentionnent la violence, quelle qu'en soit la forme, comme principale raison de recourir à un refuge.
Ces dernières années, leur nombre a bondi, elles sont aujourd'hui près de 30% des personnes en situation d'itinérance visible.
Pourtant c'est un fait, l'itinérance des femmes est largement cachée. Tout le monde s'entend pour dire que ce chiffre de 30% masque une sous-estimation importante de leur nombre réel. Ces femmes empruntent des parcours souterrains.
Pour des raisons de sécurité, de dignité, pour préserver leurs liens, elles évitent l'espace public où elles se sentent constamment en danger. Pourquoi? À cause de la violence qu'elles y subissent...
De nombreuses participantes nous ont fait part de l'intimidation, des agressions et des viols qu'elles subissent sur une base régulière
dans la rue ou dans les refuges mixtes.
Et, avant qu'elles ne s'enfuient de leur maison et se cachent où elles le peuvent, elles sont déjà démolies par des années de violence assénée par des hommes qui étaient leur mari, leur conjoint, leur amoureux...
L'an dernier l'Auberge Madeleine, une maison d'hébergement montréalaise qui offre 27 places, qui fête ses 40 ans cette année
toujours remplie à pleine capacité... a dû refuser d'héberger 7 045 personnes par manque de places soit 18 personnes par soir....C'est scandaleux...
Et, soit dit en passant, au Canada et au Québec, les gouvernements se dirigent tête baissée vers l'adoption de budgets d'austérité.
Le milieu communautaire se mobilise déjà contre ces coupures qui ne pourront qu'exacerber une tragédie...
Que les hommes se lèvent? Honnêtement ÇA URGE...
2- Peut-on être féministe quand on est un homme?
Évidemment, oui. En France, le pays de Condorcet, on le sait, j'imagine, non ? Mais, vous demandez-vous (peut-être?), pourquoi les hommes devraient-ils se reconnaitre comme féministes ou pro féministes, comme alliés?
Parce que le féminisme a DÉJÀ beaucoup apporté aux hommes.
Oui, le féminisme a eu un réel effet bénéfique sur des millions d'hommes à travers nos pays.
Il leur a offert une porte de sortie du boy's club, étouffant et toxique.
Il a légitimé leur droit de se sentir étranglés dans les carcans de la masculinité et de vouloir s'en défaire.
Il les a encouragés à exprimer qui ils sont, avec leur intelligence émotive, et à dire qu'ils ont pour beaucoup, en secret, eu peur de ne pas être de vrais hommes à un moment ou l'autre de leur jeunesse ou de leur vie adulte. Et qu'ils ont aussi eu peur souvent d'autres hommes...Sois fort et tais-toi, n'est-ce pas?
Le féminisme a apporté davantage d'humanité dans nos relations au travail, dans les institutions, dans les sphères de pouvoir et dans nos maisons, nos relations de couples, nos relations humaines.
Et le féminisme, pour certains, leur a apporté des amitiés féminines.
On nous a tellement bassinés que c'était impossible, que la séduction mêlait tout, voyons donc...Je sais qu'il y a dans cette salle des hommes qui ont de grandes amies femmes et féministes et des femmes qui ont de grands amis hommes et probablement féministes.
Pour moi, le féminisme est avant tout un projet politique porté par le rêve d'un monde où femmes et hommes sont égaux en dignité et en droits. Pour atteindre cet objectif, il faut non seulement comprendre, mais agir et changer.
Je demeure intimement convaincue que le mouvement des femmes a érigé les bases d'une société meilleure.
Le féminisme ne s'est pas attaqué aux hommes en tant qu'individus,
même si je suis bien consciente que le mouvement, qui a mis en route une véritable révolution, a eu ses écarts de langages, ses époques où « le procès du patriarcat» a pu se confondre avec « le procès des hommes».
Je dirais aussi que le féminisme a eu l'immense intérêt de présenter les enfants aux hommes. Et cela a changé le monde dans lequel nous vivons et dans lequel vivent nos enfants.
Les pères sont aujourd'hui fiers d'élever des filles qui vont s'épanouir et les surprendre avec leurs rêves et leurs réalisations.
Et aujourd'hui, oui, il y a de plus en plus de pères paternant, responsables de leur progéniture, heureux de veiller sur elle et d'assumer les tâches qu'implique cette responsabilité... Bon, disons que la charge mentale reste une affaire de mère, généralement, mais ça se partage davantage au Québec qu'il y a 20 ans...
En tous cas, au Québec, les pères, on les voit partout, on les entend partout, on les écoute, et on les applaudit... Il y a eu là aussi une certaine révolution, oui inachevée, mais une révolution tout de même... Et ces hommes-là, ainsi que leurs fils, sont plus enclins à être les alliés des femmes. Et à vouloir leurs filles, leur mère, leurs sœurs et leurs amoureuses en sécurité, loin de la violence qui rôde toujours à proximité des filles et des femmes.
3- Pourquoi avons-nous besoin d'agir de concert, femmes et hommes ?
Parce que naître fille continue, encore en 2025, d'être plus dangereux, plus menaçant partout sur la planète. Et parce que nous devons être ensemble pour faire rempart à cela.
Les choses s'améliorent, beaucoup d'hommes commencent à dire que la honte doit changer de camp, faisant ainsi écho à ce que les femmes du mouvement MeToo ont martelé.
Un des hommes de cette expo dit : dénonçons et agissons ... comment?
Par notre attitude, nos gestes, nos influences, nos chansons, nos discours et surtout par l'éducation que nous donnons à nos enfants...
Pourquoi avons-nous besoin d'agir de concert hommes et femmes contre la violence? Parce que l'horizon se resserre...
Notre monde change à grande vitesse et les régimes de droite – certains carrément dictatoriaux – reviennent en force...
Parce qu'il faudra être stratégique pour affronter le ressac.
C'est un fait que le féminisme est un mouvement progressiste, qui a renforcé nos démocraties, et qu'il va continuer de déranger les gouvernements réactionnaires.
Et des gouvernements réactionnaires, il en émerge de plus en plus, n'est-ce pas?
Nous les voyons taper d'abord sur les femmes ou sur les minorités pour asseoir leur pouvoir
Nous les voyons empêcher l'avortement, couper dans les services sociaux, museler la liberté d'expression, la liberté de mouvement, d'habillement, se déchainer contre des auteurs, des journalistes, des universitaires, les identifiant comme « non patriotes », personnes fossoyeuses de valeurs nationales... des wokes à dénoncer et à mettre au chômage...
En France comme au Québec, certaines féministes s'élèvent régulièrement pour demander qu'on ne se rapproche pas des hommes pour mener nos combats...
Parce qu'ils ont toujours occupé tout l'espace public... qu'ils vont chercher à prendre le contrôle, etc., etc. Je ne suis pas d'accord.
Nous voyons bien, aujourd'hui, où nous mènent la polarisation des débats, la création de chapelles, la rigidité des argumentaires.
La polarisation nuit au bien commun.
Nous devons travailler ensemble, femmes et hommes, ça URGE... apprendre à nous écouter, À agir de concert...Nous n'avons aucun intérêt à ne pas unir nos forces.
Face à la violence conjugale, il faut travailler sur les deux extrémités du problème, les victimes et les dominateurs, me disait un jour un sociologue québécois.
Enfin, je vous propose une dernière raison :
Pour mieux se faire entendre et obtenir des gains, il faut connaître les méandres du pouvoir. Or, les hommes en connaissent un bail sur le pouvoir. La voix des hommes pourrait porter loin s'ils décidaient de monter au front aux côtés des femmes.
« Depuis 20 ans, les jeunes féministes repensent le mouvement en travaillant à y intégrer les hommes. Ce féminisme est celui du dialogue, et il est essentiel pour rebâtir nos identités et nos idéaux. » le politologue québécois Francis Dupuis Déri
4 - En guise de conclusion
De récentes recherches ont montré que des lobbies d'hommes masculinistes font pression sur les gouvernements pour diminuer l'impact des lois qui protègent les femmes au plan conjugal ou qui les aident à obtenir l'équité en emploi. Partout. Au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie, aux USA...
Chez nous, vient de se terminer un procès-fleuve au civil contre un magnat du divertissement québécois Gilbert Rozon, qui a aussi beaucoup fait affaires en France. (Festival Juste pour rire...)
9 femmes l'accusent de viols et d'agressions sexuelles, un processus judiciaire qui dure depuis 10 mois..... Des faits qui remontent à 20-30-40 ans parfois.
Comme public, nous avons été un peu estomaqués d'apprendre que, pour bâtir sa défense, Gilbert Rozon (qui est avocat de formation) veut faire invalider deux articles de lois qui ont été récemment adoptés dans le but de mieux protéger les victimes alléguées...
L'un de ces articles a aboli la limite du temps donné à une victime pour poursuivre son agresseur sexuel... autrefois à 30 ans et l'autre article balise les éléments à apporter en preuve qui jouent sur les mythes et les préjugés concernant les victimes de violence sexuelles et conjugale. Par ex : des éléments liés au passé sexuel de la victime présumée, le fait qu'elle n'ait pas porté plainte plus tôt, qu'elle portait ce genre de vêtements, etc...
Ces deux articles de lois, ainsi que de nouvelles approches d'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles ont été gagnés de haute lutte par des associations de défense des victimes pour encourager ces dernières à dénoncer ces crimes.
Et voilà qu'un homme très puissant choisit de demander qu'on invalide ces éléments de protection des victimes parce qu'il se sent contraint dans sa défense !
On attend le verdict de la cause d'ici ...on ne sait pas. 9 procès en 1 et 2 demandes d'invalidations législatives....
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Aujourd'hui, alors que les partis politiques semblent peu enclins à imaginer un monde commun où l'empathie redeviendrait une valeur cardinale, le goût de l'avenir pourrait-il venir du féminisme que des femmes et des hommes renouvelleront ensemble ?
Le féminisme n'est pas un combat où les victoires sont éternelles. Les droits acquis resteront toujours fragiles face aux aléas d'une crise politique, économique ou religieuse. Simone de Beauvoir l'a dit, il y a 75 ans.
Mais restons positives : la reconnaissance de ces luttes a progressé dans l'opinion publique.
On n'a jamais tant parlé de viols, de féminicides, de violences sexuelles: ils sont devenus des faits de société qu'on dénonce.
On sait désormais que, seules, les femmes n'ont pas réussi à changer le monde ni à éradiquer la haine féroce que des hommes
qui disent les aimer font encore déferler sur elles.
Mais il n'est pas trop tard pour croire qu'ensemble, hommes et femmes de bonne volonté, nous pourrions y arriver plus vite.
Ariane Émond
FEMMES ET SOCIÉTÉ
Que dit l’article 1er de la Constitution : « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales » Si l’Egalité en Droits est ainsi affirmée avec volontarisme, dans les faits, femmes et hommes n’ont pas toujours les mêmes perspectives de vie professionnelle, personnelle ou sociale. Des écarts significatifs restent à combler en matière de conditions de travail, d’articulation des temps de vie, d’accès aux responsabilités.
Ref : Consultation Egalité femmes/hommes en politique – Bourgogne ; Anne Boquet, Préfète de Région Bourgogne ; 2009/2010 – Carrefour des Mondes/Maud Navarre. Notre mobilisation associative et citoyenne est de tous les fronts. Sans relâche, dans nos différents engagements, nous nous manifestons.
FEMMES ET ESPACE PUBLC
Savez-vous qu’en France, lorsqu’un espace public porte le nom d’une personnalité dans 35% des cas c’est un homme et dans seulement 5% c’est une femme. La première et unique femme à figurer dans le « top10 » des rues est Jeanne d'Arc. Raisons historiques (l’Histoire connait peu de femmes) ou raisons pratiques dans les villages (rue haute, du lavoir, du contour, du puits, …), les femmes sont les grandes absentes de l’espace public. Féminiser les rues, c’est reconnaitre la place qu’elles occupent dans la société. Nous interpellons les élu.e.s de nos communes dans ce sens.
FEMMES ET MATRIMOINE
En septembre, à l’occasion des Journées Européennes du Matrimoine (Patrimoine), déambuler dans l’Histoire de sa ville en mettant en avant des femmes qui ont œuvré dans différents domaines (santé, éducation, création artistique…) et leur rendre justice en retraçant leurs parcours et leurs gloires. Après trois éditions, UniesVers’Elles prépare la 4ème pour 2023 dont le thème reste à préciser. Chaque fois, ce sont des rencontres fortuites que nous aurions aimées faire, pour dialoguer avec elles par-delà le temps, au détour des rues de nos quartiers.
DIX CHIFFRES CLÉS DE L'ÉGALITÉ
1 - Part de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises du CAC40 en 2020 = 44,6%
2 - Part des femmes élues à l’Assemblée nationale en 2017 = 38,7% (27ème place au classement mondial)
3 - Part des parents isolés vivant sous le seuil de pauvreté (1 041 euros par mois et par personne) = 36,3% dont 82% sont des femmes.
4 - Part des femmes en spécialité Numérique et Sciences Informatique au lycée en 2019-2020 = 2,9%
5 - En France, 1 femme sur 2 a déjà été confrontée à une situation de sexisme ou de harcèlement sexuel au travail
6 - Part de femmes actives et d’hommes actifs à temps partiel = femmes 79,5% ; hommes 20,5%
7 - Catégorie socioprofessionnelle selon le sexe en 2020 = femmes employées 39,9% - hommes 12,5%
8 - Part des femmes et d’hommes dans les métiers du sport (en %) = Présidence de fédération sportive femme 17,4% ; homme 82,6%
9 - Part des femmes dans les métiers du jeu vidéo en 2019 = entre 6 et 14% selon la spécialité
10 - Ecarts de retraite moyenne femmes-hommes-= Secteur privé 53% de celle des hommes ; Secteur public 80% de celle des hommes.